Le ticket moyen d’une violation de données atteint désormais 4,88 millions $ en 2024, soit +10 % en un an. Pas étonnant que les investisseurs scrutent la solidité d’un code avant de signer le moindre chèque. Une faille coûte aujourd’hui parfois aussi cher qu’une série A ratée. Résultat : l’audit logiciel est passé du statut de « nice to have » à condition suspensive dans la plupart des term-sheets.
La sécurité applicative en 2025 : un paysage sous haute tension
Les rapports 2025 convergent, la surface d’attaque s’est déplacée du périmètre réseau vers la chaîne logicielle, où une seule dépendance vérolée peut contaminer des milliers d’applications en cascade. Face à cette « épée de Damoclès open-source », l’Union européenne pousse le Cyber Resilience Act et généralise les SBOM pour exiger une traçabilité fine du code embarqué.
Dans le même temps, côté attaquants, on capitalise sur l’explosion des services cloud. IBM X-Force souligne d’ailleurs à ce sujet que l’obfuscation dans les conteneurs et fonctions serverless complique la détection et retarde les remédiations.
Autre virage important : l’IA générative, forcément. L’OWASP dresse déjà un Top 10 dédié aux applications LLM, pointant injections de prompts et détournements de modèles comme nouveaux risques critiques. Les analystes d’ENISA confirment que ces menaces de « business logic abuse » se hissent dans le top 5 des incidents signalés aux CERT européens. Faute de visibilité unifiée, seules 23 % des entreprises disposent aujourd’hui d’un inventaire complet de leur chaîne logicielle… et 80 % de celles qui ne l’ont pas ont déjà subi un incident l’an passé.
Conséquence directe, lors d’une levée de fonds, un code base sans SBOM, sans pipeline DevSecOps outillé ni MTTR documenté devient rédhibitoire.
Les investisseurs ne cherchent plus seulement un produit viable, ils demandent une résilience vérifiable, sous peine de geler la term-sheet à la première anomalie signalée par le cabinet d’audit.
Les attentes des investisseurs sur la dette technique et la sécurité applicative
En phase de due diligence, les VCs et fonds growth traquent deux angles morts : la dette technique (qui freinerait le scaling) et la surface d’attaque (susceptible de gonfler le risque cyber).
Des guides récents rappellent qu’un audit tech sérieux permet d’éviter les mauvaises surprises post-closing.
D’ailleurs, les deals cassés à cause d’un code ingérable ou d’une stack obsolète ne se comptent plus, note Maddyness.
Comment un audit qualité logiciel crédibilise un dossier de financement
Un rapport indépendant, rédigé en langage business, rassurera toujours le comité d’investissement. Il chiffre la dette, cartographie les risques, recommande un plan d’action chiffré.
KPMG rappelle à ce sujet que 25 % des corporate acquirers et 19 % des fonds PE placent la fiabilité des données tech dans leurs deux premiers critères de go / no-go.
Autrement dit, montrer un backlog clair vaut parfois plus qu’un pitch au cordeau.
Par exemple, pour aller plus loin que les simples outils d’analyse automatique, l’approche d’audit de l’ESN Inside s’appuie sur une lecture experte du code, une évaluation des pratiques projet et une restitution directement actionnable par vos équipes.
Checkpoints typiques demandés en due diligence technique
- Architecture & scalabilité: modularité, micro-services, cloud readiness.
- Qualité de code: complexité cyclomatique, tests unitaires, couverture, dette Sonar.
- Sécurité: dépendances vulnérables, secrets dans le dépôt, politique MFA.
- Processus DevSecOps: CI/CD, revues de code, gestion des branches.
- Conformité & licences: open-source, GDPR, ISO 27001.
Anticiper un audit et gagner en vélocité très concrètement
Le meilleur moment pour auditer ? Avant d’ouvrir la data-room.
Commencez par un scan de dépendances, un check des vulnérabilités critiques… puis fixez un MTTR.
Les équipes qui tiennent un délai médian de correction sous 65 jours pour les vulnérabilités critiques présentent un profil de risque jugé « acceptable » par la majorité des investisseurs.
Avantage immédiat, vous entrez dans la due diligence avec des mesures déjà déployées, donc moins de clauses suspensives.
Petit rappel pragmatique : un backlog sécurité priorisé vaut toujours mieux qu’une promesse floue.
Préparer sa stack pour une scalabilité sans mauvaise surprise
Alors comment préparer sa stack ?
- Standardisez les environnements : conteneurs, IaC, CI/CD reproductible. Vos futurs investisseurs veulent un scaling prédictible.
- Documentez les décisions d’architecture : un ADR concis vaut des heures de visio.
- Mesurez la dette : ratio story points « remédiation » vs « nouvelle valeur ».
- Visez une certification de référence : ISO 27001 ou SOC 2. Les tours de table cybersécurité n’ont chuté que de 16 % en 2024, contre 29 % pour l’ensemble des deals tech (selon ce baromètre)… signe que le marché paie la confiance.
L’audit logiciel, catalyseur de valorisation
Dans un écosystème où chaque ligne de code peut faire ou défaire la valorisation, présenter un audit clair, actionnable et déjà en grande partie résolu est un vrai prérequis.
Montrez que votre plateforme est prête à absorber la croissance, que votre dette est sous contrôle et que vos vulnérabilités sont traquées. Vous gagnerez des points de valorisation et, surtout, du temps.
La vélocité post-levée dépend de la rigueur pré-levée.