Le cercle des éditeurs : l’annuaire et les chroniques des éditeurs de logiciels B2B

Dans son rapport officiel du NoCode Summit 2024, Numeum relaie cette prédiction de Gartner : « en 2028, 60 % des sociétés de développement de logiciels utiliseront une plateforme LCNC (ndlr : pour « Low-Code/No-Code ») comme principale plateforme de développement interne, contre 10 % en 2024 ». Et pourtant, qui aurait cru, il y a encore cinq ans, que l’on pourrait créer des applications d’entreprise sans taper une seule ligne de code ? Longtemps cantonné à quelques plateformes confidentielles, le phénomène no-code/low-code s’est imposé en douce. Résultat : pour beaucoup, il pourrait mettre fin aux lourdeurs traditionnelles de pas mal de projets IT, réputés interminables et hors de prix.

Les freins classiques du développement logiciel (budgets, délais, ressources)

Avant, quand on disait « développement logiciel », on imaginait tout de suite un scénario digne d’une superproduction :

  • Des mois de conception,
  • Une armée de développeurs qualifiés (pas toujours faciles à recruter),
  • Un budget qui gonfle au fil des itérations,
  • Un délai final qui s’éloigne comme l’horizon.

Sans oublier la fameuse frustration des métiers, qui attendaient une fonctionnalité précise mais voyaient sans cesse l’échéance reculer. Tous ces écueils ont été, pendant des lustres, la norme du marché.

Résultat : un frein majeur à l’innovation, car la DSI passait son temps à gérer des projets d’envergure sans pouvoir répondre à des demandes plus petites, plus ponctuelles, mais tout aussi importantes pour la compétitivité de l’entreprise.

Heureusement, aujourd’hui, des plateformes comme DAZZM, Mendix ou OutSystems rebattent les cartes grâce au low-code/no-code.

Comment le low-code et le no-code raccourcissent drastiquement les cycles projets

No-code et low-code adressent des besoins différents, mais ont un objectif quasi-identique et une forte complémentarité.

D’un côté le no-code consiste à créer des applications via une interface 100 % visuelle, sans saisir la moindre ligne de code. Le low-code, pour sa part, autorise un peu de code si besoin, mais garde le même principe : tout s’articule autour d’une plateforme qui génère la majeure partie de l’application sous forme de composants préconfigurés.

Cette approche change la donne :

  1. Moins de temps de dev : Plutôt que d’écrire chaque fonctionnalité, on pioche dans une bibliothèque de blocs standards et on configure. Les cycles projets se comptent parfois en semaines plutôt qu’en mois.
  2. Réduction des coûts : Moins de développeurs à mobiliser, moins de formation longue, et une maintenance souvent plus légère (puisque la plateforme s’occupe en partie des mises à jour).
  3. Souplesse : Si les besoins évoluent en cours de route, il suffit de réagencer les blocs, de modifier quelques règles, sans devoir tout recoder depuis zéro.

Au final, la promesse est simple : sortir du tunnel des projets interminables pour mettre sur pied (ou ajuster) des outils métiers sur mesure à un rythme acceptable.

L’impact sur la collaboration entre IT et métiers

Avec le LCNC, on voit apparaître un nouveau paradigme : les métiers (marketing, finance, RH…) peuvent participer activement à la création des applications, voire les concevoir eux-mêmes.

  • Fin de la barrière langage : Plus besoin de maîtriser Java ou .NET, on manipule des widgets, des flux visuels, ce qui est plus proche du raisonnement métier.
  • Moins de frictions : Les services internes se sentent plus autonomes, n’ont plus à solliciter la DSI pour chaque ajustement.
  • IT en mode facilitateur : L’IT se concentre sur la gouvernance, la sécurité, l’architecture technique. Il définit les règles pour qu’on n’installe pas trois plateformes low-code concurrentes, et pour que la qualité du code généré reste correcte.

Au bout du compte, la collaboration s’intensifie. On discute d’un besoin, on ouvre la plateforme, on prototype directement. Le feedback est quasi instantané, on corrige en direct. Les allers-retours interminables laissent place à une co-construction plus fluide.

La place des développeurs dans cette nouvelle approche

Alors, avec la montée en puissance du no-code/low-code, peut-on imaginer la disparition du développeur traditionnel ? Spoiler : eh bien non.

Certes, la demande pour des petits projets ou des applis internes va être absorbée en partie par des solutions sans code, mais les missions complexes ne s’évanouissent pas.

En d’autres termes, les développeurs restent indispensables, ne serait-ce que pour garantir la cohérence et la fiabilité du SI. Mais leur rôle évolue : plutôt que de tout coder en partant de zéro, ils encadrent les initiatives no-code, interviennent sur les parties critiques, et s’assurent que la dette technique ne s’emballe pas.

Quelques bonnes pratiques pour garantir un déploiement rapide sans compromettre la qualité

Pour terminer, voici quelques règles importantes à appliquer pour mettre un maximum de chances de son côté lorsque l’on passe au LCNC :

1. Définir un cadre clair

Ce n’est évidemment pas parce qu’on déploie du no-code/low-code qu’on laisse tout le monde faire n’importe quoi. Quelques règles de base :

  • Choisir une ou deux plateformes officielles pour éviter la dispersion,
  • Mettre en place des guidelines sur la sécurité, l’ergonomie, la gestion des données,
  • S’assurer que la DSI garde une vue d’ensemble.

2. Impliquer l’IT dès le départ

Même si l’équipe métier pilote le projet, l’IT doit valider les aspects de connexion au SI, la partie RGPD, etc. Mieux vaut éviter de découvrir, trois mois plus tard, qu’une app récupère des données critiques dans un cloud non sécurisé.

3. Former et sensibiliser

Les utilisateurs métiers qui se lancent dans la conception d’applications ont besoin d’un minimum de bagage (logiciel, mais aussi sécurité, bonnes pratiques). Une petite formation initiale, des tutoriels, voire une assistance ponctuelle peuvent faire la différence.

4. Surveiller la dette technique cachée

Le no-code est rapide, mais peut générer des projets un peu « bricolés » si on ne fait pas attention. Un contrôle qualité périodique (pour vérifier la logique, la performance, la maintenabilité) s’avère indispensable, surtout si ces applis sont destinées à durer.